Qu’il vente ou qu’il pleuve, ils ne s’arrêtent jamais. Depuis une quinzaine de jours, des bénévoles ont entrepris de nettoyer les cours d’eau de la ville de Lyon. A l’aide d’aimants et de grappins, ils sondent les profondeurs du Rhône et de la Saône pour en extraire tout un tas d’objets, jetés avec négligence. Le bilan est impressionnant. En deux semaines, ils ont déjà repêché à la force des bras 85 trottinettes, 43 vélos, 16 caddies, 100 barrières, une moto et 8 scooters. Sans compter des « trésors » plus insolites comme des coupes de compétition, des fours micro-ondes, des caisses enregistreuses et même des armes !
« C’est assez inquiétant, n’est-ce pas ? », interroge Nicolas Navrot à l’origine de cette initiative appelée Nettoyons Lyon. Animateur en périscolaire et photographe, le jeune homme de 23 ans était en quête d’endroits sympas à immortaliser. « Avec un ami, on cherchait à voir des choses peu visibles à la surface et donc on a commencé à pêcher à l’aimant », raconte-t-il. Avant de réaliser avec effroi que les fleuves étaient de véritables « décharges ». L’idée est née ainsi. Le groupe a grossi, les réseaux sociaux, sur lesquels il poste ses actions, ont permis au bouche-à-oreille de fonctionner en un temps record. Résultat : les jeunes gens ont déposé samedi les statuts pour faire de leur initiative, une association.
« Une autre partie de notre action consiste à marcher le long des rivages pour ramasser les petits détritus », poursuit Nicolas Navrot. Méthodique, organisé, le groupe opère plusieurs fois par semaine. « L’objectif est d’avoir une régularité pour être le plus efficace. Il s’agit d’un travail long et laborieux. Le but est d’éveiller les consciences. Avec deux petites mains, on finit par enlever des kilos de déchets et à faire quelque chose de positif », enchaîne-t-il.
Dimanche dernier, une quarantaine de personnes, tous âges confondus, ont œuvré d’arrache-pied pendant quatre heures le long des quais du Rhône. Maxime et Sandrine ont rejoint le groupe pour la première fois, avec leurs deux enfants. Une sortie dominicale peu ordinaire, confesse le couple ravi de participer à l’expérience.
« Nous habitons sur les bords de Saône. Chaque soir d’été, nous voyons à quel point ils sont pollués. Il y a des tas de barquettes en plastique laissées sur place, des bouteilles, des mégots de cigarettes. Les gens jettent également leurs masques et lorsque l’on sait qu’il faut 450 ans pour qu’ils se dégradent, ça met en colère », explique ce père de famille. « C’est également une façon de sensibiliser nos enfants », abonde sa femme soucieuse de « préserver la planète ».
Quelques mètres plus loin, le petit Tom tire sur sa corde à la recherche de trésors enfouis dans l’eau. Le garçon est un habitué. « Cela fait désormais un an que l’on pêche tous les deux de notre côté. On a déjà à notre actif une vingtaine de barrières, une dizaine de trottinettes dont 7 récupérées en une sortie, raconte Stéphane, son père. Lorsque j’ai vu l’existence de ce groupe sur les réseaux sociaux, on a décidé de le rejoindre ». Et d’ajouter en riant : « Pour Tom, c’est un amusement… Et c’est mieux que la Playstation ».
Depuis l'été, des bénévoles ont décidé de nettoyer plusieurs fois par semaines les fleuves de Lyon. - C. Girardon / 20 Minutes
« Les enfants apprennent ainsi à faire attention à ce qu’ils jettent, souligne Cécile, nouvelle venue. Cette opération est la meilleure des démonstrations et une bonne façon de les éduquer ». « Je pense ainsi que mon fils ne fera pas ces bêtises-là (jeter des objets dans les fleuves) quand il sera ado. Du moins, je l’espère », ajoute Stéphane en regardant le petit garçon se démener fièrement avec sa ligne.
Sur les bas ports du Rhône, le tas d’objets récupérés commence à grossir de façon spectaculaire. La pêche a été bonne. Une fois de plus. « Dans quelques jours, des plongeurs pourront nous rejoindre. On aura également un bateau sonar qui nous sera prêté par des pêcheurs », indique Nicolas Navrot.
Depuis l'été, des bénévoles ont décidé de nettoyer plusieurs fois par semaines les fleuves de Lyon. - C. Girardon / 20 Minutes
Une fois sortis de l’eau, les objets sont déclarés à la métropole ou emmenés à la déchetterie. A partir de septembre, la future association devrait être accompagnée par une entreprise qui leur paiera la location d’un camion, prévu à cet effet.
Source 20 MINUTES